"Je me dirigeai vers la ville de Samarcande, une des plus grandes, des
plus belles et des plus magnifiques cités du monde. Elle est bâtie sur le bord
d'une rivière nommée rivière des Foulons, et couverte de machines hydrauliques,
qui arrosent des jardins. C'est près de cette rivière que se rassemblent les
habitants de la ville, après la prière de quatre heures du soir, pour se
divertir et se promener. Ils y ont des estrades et des sièges pour s'asseoir,
et des boutiques où l'on vend des fruits et d'autres aliments. Il y avait aussi
sur le bord du fleuve des palais considérables et des monuments qui annonçaient
l'élévation de l'esprit des habitants de Samarcande. Des jardins se trouvent
compris dans l'intérieur de la ville. Les habitants de Samarcande possèdent des
qualités généreuses, et ont de l'amitié pour les étrangers" – écrivait le
grand voyageur arab Ibn Battouta au XIIIe siècle.
Samarcande est une ville mythique sur la Route de la Soie qui fait rêver
toute personne qui veut voyager, remonter le temps. Aujourd’hui, la ville
acceuille ses visiteurs dans ces grands monuments historiques. Parmi ces
monuments, le plus beau et le plus intime est le complexe de Shakhi Zinda.
Shakhi Zinda est une nécropole dont la plus grande partie a été construite
par Tamerlan. Le mot Shakhi-Zinda signifie « le roi vivant ».
La nécropole du " Roi vivant ", Shah-i-Zinda, est une ruelle qui
grimpe dans la colline d'Afrosyab et qui menait jadis aux portes de la ville
antique. Une rue peu ordinaire au bord de laquelle fut construit, au XIe
siècle, le mausolée de Qassim-ibn Abbas, cousin du prophète Mahomet arrivé en
Sogdiane en 676 avec la première vague de conquérants arabes pour convertir les
samarcandais en Islam. Qassim-ibn Abbas fut décapité par les infidèles alors
qu'il était en prière, et la légende raconte qu'il se serait alors emparé de sa
tête et serait descendu dans un puits menant au paradis où il présiderait une
" cour des âmes " entouré de deux assesseurs.
La légende raconte comment, après sa mort, le roi Afrosyab continuait de
régner dans le royaume des morts. Aux
XIe et XIIe siècles, de nombreux tombes et mausolées furent construits près du
mausolée du saint et de la grande mosquée qui le jouxtait. Lors de la prise et
de la destruction de la ville antique de Samarkand par l’armée monghol de
Gengis Khan, seule la tombe de Qassim-ibn Abbas fut épargnée. A l'époque
timouride, aux XIVe et XVe siècles, les familles nobles et les membres de la
famille de Tamerlan se firent construire des mausolées près de celui de
Qassim-ibn Abbas, la croyance islamique voulant que la proximité du tombeau
d'un saint assure une protection dans l'au-delà. Ces nouvelles constructions
donnèrent à la rue sa configuration actuelle. La rue paraît sombrer dans la
terre, car, au cours des siècles, les débris des bâtiments de l'ancienne cité
mêlés de terre ont fait monter le niveau du sol de plusieurs mètres.
L'impression est encore plus saisissante de l'extérieur, quand on aperçoit les
bulbes bleus sortir de la colline, tels d'énormes et insolites champignons.
L'itinéraire poétique qui va du grand pishtak au mausolée de Khodja Akhmad
aurait plu aux romantiques ; c'est aussi une découverte des différentes
techniques décoratives et de divers styles architecturaux du XIe au XVe siècle.
Malgré que la plupart des mausolées qu’on voit sur le complexe datent de
l’époque de Tamerlan et de ses descendants, le complexe est un des plus anciens
monuments architecturals de Samarkand grace au mausolée de Kusam Ibn Abbas
construit dans la première moitié du XIème siècle. C’était un grand centre
religieux et culturel de la ville non seulement pour Samarkand médiéval, mais
aussi pour toute l’Asie Centrale, dont le pélèrinage était équivalent à celui
de la Mecque.
Actuellement Shakhi Zinda est un des meilleurs ensembles architecturals de
l’Asie Centrale, le monument de grand valeur du point de vue historique,
culturel, et de l’art. Les critiques de l’art l’appellent comme « pittoresque
», « musique glacée », « plein d’harmonie et de lumière », un hymne véritable
aux efforts humains.
Le centre ancien de l’ensemble – complexe de Koussam Ibn Abbas a été
reconstruit plusieurs fois. La porte exceptionnelle qui mène au complexe est
faite par le maitre Yusouf Shirazi dans les années 1404-1405. C’est une belle
oeuvre artistique da la sculpture du bois. La porte en bois d'orme est finement
travaillée, jadis rehaussée d'or, d'argent et d'ivoire. Surnommée " porte
du Paradis ", elle s'ouvre depuis plus de 600 ans sur le royaume de
Qassim-ibn Abbas. Des fouilles ont mis au jour, sur la paroi droite du
corridor, des vestiges du mur de l'ancienne mosquée du XIe siècle, dont on peut
voir le minaret au-dessus et à droite. Il date lui aussi du XIe siècle, ce qui
en fait le plus vieux monument de l'ensemble, et le seul de cette époque dans
le Chah-i-Zinda. Passé la " porte du Paradis ", le corridor mène à la
mosquée Qassim-ibn Abbas. Le mihrab est décoré en mosaïque, une technique qui
fut utilisée à Samarkand dès la fin du XIVe siècle et dont les artisans d'Asie
centrale deviendront des virtuoses. Les pièces de mosaïque en faïence vernissée
représentent des feuilles, des pétales de fleurs, de fines branches ou des
inscriptions, et sont assemblées sans interstice. La salle suivante est le
ziaratkhana, ou salle de prière. Derrière un grillage en bois, dans le
gurkhana, se trouve le tombeau de Qassim-ibn Abbas, datant du XIe siècle et
entièrement décoré de majolique. On peut y lire : " Celui qui est mort en
suivant Allah, n'est pas mort : en vérité il est en vie. " Les archéologues
ont, là aussi, fait des recherches et découvert un puits de 18 m de profondeur.
Les décorations de la pièce peuvent sembler d'origine tant elles sont effacées.
Derriere la porte il y a le minaret du XI siècle. Le révêtement de fondation du
minaret est executé d’assortiment des briques cuites et sculptés.
Le Complexe comprend de plusieurs salles: ziayaratkhana (predestiné pour la
realisation de la cérémonie de culte, gurkhona (sépulture), tchillakhona (pour
passer le jeune de 40 jours), tougkhona (pour garder inventaire de culte). Dans
la sépulture derrière la grille en bois il y a le monument funéraire.
Le coupole de Ziyaratkhana a été érigé de nouveau dans les années
1334-1335. Dans le même siècle, les murs ont été couverts par les peintures,
dont la partie bas a été revêtue par les carreaux céramiques.
Au total, dans l’ensemble il y a 32 monuments historiques qui nous viennent
des Timourides (dynastie de Tamerlan). Tamerlan les a fait construits pour les
membres de sa famille, pour les chefs de son armée, pour les grands savants et
architectes de son époque.
La valeur historique, culturel et artistique du complexe consiste en ce que
Shakhi Zinda donne la représentation du développement des ouvrages
architecturales et monumentales, de l’art monumental-décoratif du Moyan-Age en
Asie Centrale. Le site melange bien les styles de décors avant Tamerlan et de
l’époque de Tamerlan.
Firuz Allaev
Ancien étudiant français en relations internationales et ancien GO du Club Med, je suis actuellement un tour-opérater et guide francophone en Ouzbékistan. J'organise des circuits sur mesure pour tous qui veulent découvrir l'Ouzbékistan. Si vous voulez découvrir l'Ouzbékistan, n'hésitez pas à me contacter à l'adresse firuzallayev@yahoo.com
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