mardi 8 avril 2014

Tamerlan, plus grand guerrier ouzbek

Tamerlan ou Timur Lang, « Timur le boiteux » est un guerrier ouzbek du XIVe siècle, conquérant d'une grande partie de l'Asie centrale et occidentale, fondateur de la dynastie des Timourides qui a existé jusqu'en 1507. *
Né près de Samarcande en Ouzbékistan en 1336 et devenu émir de Transoxiane, il se révéla un redoutable chef de guerre, bâtissant un immense empire reposant sur la force. Il se montra cependant aussi protecteur des arts et des lettres qui firent la grandeur de sa capitale, Samarcande.
Mort en 1405, son empire, gouverné par ses descendants (les Timourides), fut grignoté par les puissances voisines jusqu’à l’assaut final des Ouzbeks de la dynastie des Chaybanides.
Né à Kesh, plus connu sous le nom de Shahr-e Sabz, « la cité verte », située à quelque 80 kilomètres au sud de Samarcande dans l’Ouzbékistan moderne.
Le nom de naissance de Tamerlan est Timour. La légende veut
que, s'en allant montrer son fils au shaykh, son père l'aurait interrompu, durant la lecture du Coran, sur le mottamarrou (« ébranlement »). Ce mot arabe est modifié pour donner timur, « fer » en turco-mongol (cf. mongol tömör et turc demir)
Son père, Taragay, était à la tête des tribus Barlas. Il était l’arrière-petit-fils de Karachar Nevian et se distingua parmi les autres membres de son clan comme étant le premier à se convertir à l’islam. Taragay aurait pu assumer les hauts rangs militaires qui lui étaient dus par héritage, mais comme son père Burkul, il préféra une vie de retirement et d’études.
Sous la gouverne paternelle, l’éducation du jeune Tamerlan était telle qu’à sa vingtième année il était non seulement adepte des exercices virils en extérieur mais avait également aquis la réputation d’un lecteur attentif du Coran. À cette période, si on peut se fier aux Mémoires (Malfu’at), il montrait les preuves d’une nature tendre et sympathique.
Cependant, vers 1358, il devint un chef militaire. Tamerlan prit part à des campagnes en Transoxiane pour le compte du khan djaghataïde, un descendant de Gengis Khan. Sa carrière pour les dix ou onze années à venir peut donc être rapidement résumée depuis les Mémoires. En s’alliant à la fois pour la cause et par des liens familiaux avec Kurgan, le destructeur de Kazan, il envahit le Khorassan à la tête d’une armée de milliers de cavaliers. C’était là la deuxième expédition guerrière dans laquelle il fut le principal acteur. L’accomplissement de ses objectifs amena à de futures opérations, parmi lequelles la soumission de Khwarizm et Urganj.
Après le meurtre de Kurgan, les controverses qui émergèrent parmi les nombreux prétendants au pouvoir souverain furent stoppées par l’invasion de Tugluk Timur de Kashgar, un descendant de Gengis Khan. Tamerlan fut détaché sur une mission au camp des envahisseurs, détachement qui eut pour résultat son acréditation auprès du gouvernement de Transoxiane (en arabe Mawarannahr, ce qui est au-delà du fleuve).
À la mort de son père, il hérita de la charge héritaire de chefs des Barlas. Mawaranahr fut prise à Tamerlan et confiée à un fils de Tughluk. 

Accession au pouvoir
La mort de Tughluk facilita la reconquête, à laquelle quelques années de persevérance et d’énergie suffirent, ainsi qu’à l’ajout d’un vaste territoire. Durant cette période Tamerlan et son beau-frère Husayn, dans un premier temps compagnons fugitifs et vagabonds dans des aventure communes pleines d’interêt et de romance, devinrent rivaux et opposants. À la fin de 1369, Husayn fut assassiné et Tamerlan, ayant été proclamé officiellement souverain à Balkh monta sur le trône à Samarcande, la capitale de ses possessions.
Il est notable que Tamerlan ne se décerna jamais le titre de Khan, se dénommant lui-même « amir al-kabir » ("grand prince" en arabe). De plus, il plaça sur le trône de Transoxiane un « khan fainéant », Soyurgatmich, descendant de Gengis Khan, afin d'aller en conformité avec la loi mongole (le yasak). Enfin, il prit pour épouse une veuve de Husayn, Saray Mulk Khanum, à qui il dédiera plus tard une mosquée. Cette veuve est la fille du khan gengiskhanide Qazan. De fait, Timur devient « gendre impérial », güregen en mongol ou kurgen en turc, et peut se réclamer de la lignée de Gengis Khan.

Période d’expansion
Les trentes années suivantes furent passées dans plusieurs guerres et expéditions. Non seulement, Tamerlan consolida son pouvoir chez lui en subjugant ses ennemis, mais chercha à étendre son territoire en empiétant sur les terres des potentats voisins. Ses conquêtes au sud et au sud-ouest incluèrent à peu près toutes les provinces de Perse, y compris Baghdad, Karbala et le Kurdistan.
Un de ses plus redoutables opposant fut Tokhtamysh, qui après avoir été un réfugié à la cour de Tamerlan devint dirigeant de l’est du Kiptchak et de la Horde d’Or et se disputa avec Tamerlan sur la possession du Khwarizm. Tamerlan soutint Tokhtamysh contre les Russes. Tohktamysh, armé du soutien de Tamerlan, envahit la Russie et prit Moscou en 1382. Plus tard, Tohktamysh se retourna contre Tamerlan et envahit l’Azerbaidjan en 1385. Ce ne fut qu’en 1395 à la bataille de la rivière Kur que le pouvoir de Tohktamysh fut finalement défait.
En 1383 Tamerlan captura Herat, en Perse (dans l’actuel Afghanistan), qui après la mort d’Abu Said (1335), maître de la Dynastie Ilkhanide, n’était plus contrôlée par aucun pouvoir.
Inde
En 1398, alors que Tamerlan était âgé de plus de soixante ans, Farishta nous dit qu’« informé des troubles et guerres civiles en Inde », il « commença une expédition dans ce pays » et le 12 septembre 1398, « arriva sur les bords de l’Indus ».
Son passage du fleuve et sa marche le long de sa rive gauche, les renforts qu’ils fournit à son petit-fils Pir Muhammad (qui fut investi à Multan), la capture de villes et villages, probablement accompagnée de la destruction des maisons et du massacre des habitants, la bataille avant Delhi et les victoires faciles, l’entrée triomphale dans la ville maudite, avec son cortège d’horreurs, toutes ces circonstances appartiennent aux annales de l’Inde. Il est dit que la dévastation de Delhi ne fut pas dans les intentions de Tamerlan, mais que ses hommes ne pouvaient tout simplement pas être contrôlés après être arrivés aux portes de la ville. 
Dernières campagnes
L’empire de Tamerlan
En avril 1399, quelques trois mois après avoir quitté la capitale de Mahmud Toghluk, Tamerlan fut de retour dans sa capitale au-delà l’Oxus (Amou-Daria). La corruption diminua drastiquement. Selon Ruy Gonzáles de Clavijo, l’ambassadeur de Castille venu à la cour de Tamerlan en 1404, quatre-vingt-dix éléphants furent employés uniquement pour transporter les pierres depuis certaines carrières pour lui permettre d’ériger une mosquée à Samarcande. Mausolée Gour-Imir à Samarcande abritant la tombe de Tamerlan
La guerre avec les Turcs et les Égyptiens, qui survint à son retour d’Inde, fut rendue fameuse par la capture d’Alep et de Damas. Il envahit Baghdad en juin 1401 ; après la capture de la ville, 20 000 citoyens furent massacrés. Tamerlan ordonna que chaques soldat devrait revenir avec au moins deux têtes humaines à montrer. En 1402, Tamerlan envahit l’Anatolie et défait le sultan Ottoman Bayezid Ier à la Bataille d’Ankara. L'histoire raconte que lorsque Bayezid fut amené enchainé dans la tente de Tamerlan, celui-ci éclata de rire. « Tu as tort de te moquer de moi, regarde ce qui m'est arrivé, cela pourrait aussi bien t'arriver ! ». Ce à quoi Tamerlan répondit « Je ne me moque pas de toi mais de l'ironie d'Allah qui a partagé le destin du monde entre un borgne et un boiteux ! ».; Bayezid fut capturé et mourut plus tard en captivité. Tamerlan captura également Smyrne aux Chevaliers de Rhodes. Ceci fut sa dernière campagne.
En décembre 1404, Tamerlan entreprit une expédition militaire contre la Chine, mais le vieux guerrier fut attaqué par la fièvre et la peste quand il campa sur la rive la plus éloignée du Sihon (Syr-Daria) et mourut à Atrar (Otrar) à la mi-février 1405.
Bien que son successeur désigné était son petit fils Pir Muhammad b. Jahangir, c’est finalement son fils Shah Rukh qui lui succéda.
Markham, dans son introduction aux récits de l’ambassade de Clavijo, raconte que son corps « fut embaumé à l’aide de musc et d’eau de rose, entouré dans du linge, couché dans un cercueil d’ébène et envoyé à Samarcande où il fut enterré ». Tamerlan transporta ses armes victorieuses d’un côté de l’Irtych et de la Volga au Golfe persique et de l’autre côté de l’Hellespont au Gange. 
Contribution aux arts
Tamerlan devint largement connu comme un protecteur des arts. La plupart de l’architecture qu’il a commissionnée est encore présent à Samarcande.
Selon la légende, Omar Aqta, le calligraphe de la cour de Tamerlan, transcrivit le coran avec des lettres si petites que le texte entier du livre tenait sur un sceau. Il est également dit qu’Omar avait créé un Coran tellement grand qu’une brouette était nécessaire pour le transporter. Des feuilles de ce qui était probablement ce grand Coran ont été trouvées, écrites avec des lettres d’or sur des pages énormes. 
Sur une note intéressante, le corps de Tamerlan a été exhumé en 1941 par le médecin légiste russe renommé Mikhail Gerasimov. Le scientifique trouva qu'Il mesurait 1,72 mètre, ce qui est grand pour son époque. L’étude a également confirmé la claudication de Tamerlan. Gerasimov a été capable de reconstruire l’apparence de Tamerlan à partir de son crâne. Malheureusement, une malédiction a été attachée à l’ouverture de la tombe de Tamerlan. Un vieux conte populaire raconte que quand Tamerlan mourut, il prévint que des grands malheurs tomberaient sur la personne qui excaverait sa tombe, et le jour de l’excavation, Hitler lança l’Opération Barbarossa contre l’URSS. Dans la plupart des anciennes républiques soviétiques, quand on se souvient de Mikhail Gerasimov, c’est de l’archéologue qui était entièrement responsable d’avoir déclenché la Seconde Guerre mondiale en ouvrant le tombeau maudit d’un grand guerrier mongol.
Les quatre fils de Tamerlan furent :
Djahangir (mort en 1376),
Omar Cheikh Ier (mort en 1391),
Miran Shah (devenu fou, mort en 1408) 

Portrait de Tamerlan par l'historien Ibn Arabchah : "Tamerlan était particulièrement grand et robuste. Il avait une tête massive au front élevé, la peau blanche et saine, une belle allure, les épaules larges, les jambes longues et les mains puissantes. Il était manchot et boiteux du côté droit. Il portait la barbe longue. La lueur de son regard était difficile à supporter et sa voix était haute et profonde."

Portrait d'archéologues soviétiques suite à l'exhumation de 1941 : "Le squelette était celui d'un homme roux, infirme, qui avait dû mesurer 1,70 mètres. Il portait des traces visibles de blessures et de déformations. Les os de la jambe droite étaient plus minces et plus courts que ceux de la gauche, et un gros cal les soudait au niveau de la rotule, pas suffisant pour paralyser le membre mais assez pour rendre la marche claudicante et pénible. Un autre cal, à l'articulation du coude droit, indiquait que le bras n'avait pu se plier normalement. A la main une troisième blessure avait déformé et figé l'index.""

Portrait de la tête reconstituée à partir du crâne et que l'on peut voir au musée de l'Observatoire d'Ulug Beg : "L'expression est dure, farouche, sans aucune humanité. Les yeux très expressifs sont petits, assez fendus mais non bridés, avec des paupières lourdes, des poches, des sourcils puissants et très arqués. Le faciès n'est pas mongoloïde, bien que les pommettes soient saillantes ; le visage est strié de rides profondes. Le nez est droit, court, un peu épaté ; les lèvres lippues, charnelles et méprisantes. La moustache les encadre et tombe assez bas sur le menton. La barbe, taillée en pointe, couvre un menton carrée, volontaire."
S'intéressant à la connaissance, et désireux de faire de sa capitale Samarkand la plus belle ville du monde, il y envoie les meilleurs artisans, les savants, les hommes de lettres et les religieux (musulmans) des villes conquises. Pour ce faire, il a d'ailleurs organisé un corps spécial chargé de les protéger lorsque leurs villes, vaincues, sont livrées aux pillages et aux massacres. 
Imposant à ses armées une discipline rigoureuse, Tamerlan les dirige de l'avant, combattant avec elles et faisant preuve d'un véritable magnétisme de chef. Il aime les individus courageux, mais déteste les lâches. Il ne supporte pas qu'on conteste ses décisions ou qu'on fasse de l'ombre à sa puissance. 
Intelligent et perspicace, il réfléchit vite et est pourvu d'une excellente mémoire. Il n'a qu'une parole, et ne revient pas sur ses décisions. Sa justice est sévère et inflexible, mais équitable. Il aime particulièrement la vérité. Sa devise est Force - Droiture (en persan : Rosti - Rasti). 
Il est doté d'un profond sens de la famille, et possède quatre épouses. 
Enfin, il semble persuadé de faire des rêves prémonitoires, et se croit l'élu d'Allah.
Invaincu sur le champ de bataille, Tamerlan a perfectionné l'organisation militaire mongole. Chaque homme est à peu près autonome, pourvu de deux chevaux, de deux arcs (un pour tirer à cheval, l'autre à pied), deux carquois, un sabre, un porte-manteau de cuir pour contenir ses vêtements, une hache, une scie, un poinçon, une aiguille à coudre, une outre (à gonfler pour traverser les cours d'eau), etc... Dans la cavalerie légère, les hommes ne sont protégés que par un casque ; dans la cavalerie lourde, ils ont en outre une cuirasse de cuir ou une cotte de mailles d'acier. Il y a une tente pour dix-huit hommes. Les troupes sont payées en monnaie tous les six mois : la solde des hommes est égale à la valeur du cheval, celle des officiers est très hiérarchisée. 
En outre, il a constitué des effectifs de sapeurs particulièrement rodés à la prise des places-fortes, en particulier en montagne. 
Son armée est particulièrement disciplinée, et capable de réaliser des manœuvres complexes. 
Enfin, lui-même sait employer de multiples ruses de guerre.
Avant de commencer le siège d'une place, Tamerlan adresse à ses occupants une première sommation : s'ils se rendent, prêtent serment de vassalité et s'acquittent d'une forte rançon, ils ont la vie sauve. Sinon, le siège commence et les sapeurs se mettent à l'œuvre. Mais avant de lancer l'assaut final, une dernière sommation est faite, et permet, si elle est acceptée, de voir épargnée une partie des habitants, et de sauver la ville de la destruction.
Conquérant sanguinaire, Tamerlan se révèle aussi être doté d'une certaine érudition. Son intérêt pour les savants et les lettrés n'est pas une simple lubie. Il est capable de soutenir des discussions théologiques poussées, ou de parler d'histoire avec Ibn Khaldun. Il s'intéresse aussi aux arts. Il ne dédaigne pas non plus une bonne partie d'échecs, jeu qu'il pratique à un bon niveau.
Tamerlan peut être rencontré en de multiples lieux et circonstances en Asie centrale et au Proche-Orient. 
Les personnages pourraient faire partie de ses fidèles cavaliers, être des lettrés ou des artisans "invités" à Samarkand, des ambassadeurs envoyés vers lui par des souverains lointains, ou appartenir à la population d'une ville ou d'une région conquise par le Grand Émir.
Tamerlan est considéré comme un héros national dans l'actuel Ouzbékistan. Dans toutes les grandes villes du pays, vous ouvez visiter les musées au nom d'Amir Timour, les places avec ses grandes sculptures. Les ouzbeks nt un grand respect pour cet empéreur du XIV siècle. Il est considéré comme le sondateur du plus grand état dans l'histoire du peuple ouzbek.




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